mardi 5 octobre 2010

La culture scientifique, un investissement d'avenir

Table-ronde finale de la journée du 28 septembre - cliché Universcience
Le Forum territorial de la culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) s'est déroulé mardi 28 septembre dernier, à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris, dans une salle comble de plus de 400 personnes. Dans une ambiance parfois tendue, où les questions du public furent souvent empreintes d'inquiétude, voire de défiance envers Universcience, une vingtaine d'intervenants représentants l'état, les collectivités territoriales, les universités et les acteurs professionnels (CCSTI, muséums, associations) se sont succédés à la tribune. Si la journée n'a pas débouché concrètement sur une feuille de route vers "une nouvelle gouvernance de la CSTI à l'échelle nationale", elle n'en a pas moins été riche de débats, prises de position, et annonces gouvernementales.

50 millions d'euros sur 3 ans pour la culture scientifique, technique et industrielle. La principale annonce de la journée a été faite par René Ricol, commissaire général à l'investissement, responsable du programme des investissements d'avenir (ex "Grand Emprunt"). Intégrée dans le programme "égalité des chances", cette enveloppe globale de 50 millions d'euros viendra financer essentiellement 3 types d'actions : celles visant l'évolution de l'enseignement des sciences (typiquement le programme "main à la pâte" promu par l'Académie des sciences et l'INRP), des initiatives concertées de diffusion dans les territoires, et enfin des actions de revalorisation des métiers techniques. L'articulation avec les "internats d'excellence" constituera un plus. Le premier appel d'offre devrait être publié fin octobre pour des réponses fin novembre ! Les critères principaux d'évaluation des propositions seront l'originalité du projet et sa faculté à être démultipliée, la fiabilité des partenaires, et l'impact sur les populations environnantes. Le rôle d'Universcience et tout particulièrement de sa présidente, Claudie Haigneré, comme "pilote" de l'ensemble des actions et "responsable devant la collectivité nationale", a été souligné à plusieurs reprises par René Ricol. Ce qui a soulevé de nombreuses questions quant à la position de l'opérateur national, soupçonné d'être juge et partie car, n'étant pas membre du jury de sélection, Universcience pourra aussi répondre à cet appel d'offre... Cette mise en avant d'Universcience par le gouvernement à travers le programme des investissements d'avenir vise à accélérer la réorganisation de la CSTI à l'échelle nationale, pour plus de visibilité. René Ricol a prévenu l'assemblée : "il faut un changement d'échelle".

Pistes pour construire cette nouvelle gouvernance. Plusieurs éléments structurants ont émergé de cette journée de débats. D'abord, la proposition de créer une instance collégiale nationale, garante de la prise en compte de la représentativité et des compétences de chacun des acteurs. Ensuite, la nécessité de renforcer l'organisation de la CSTI à l'échelle régionale. Plusieurs représentants des régions l'ont affirmé, l'échelle de la région est la bonne échelle pour articuler des acteurs et des actions multiples à la fois sur et entre les territoires. Le travail mené actuellement par plusieurs conseils régionaux de (re)définition d'un "schéma régional recherche et enseignement supérieur"(SRESR) constitue une opportunité pour les acteurs de CSTI de consolider des plates-formes territoriales pluralistes et opérationnelles. Enfin, une relation renouvelée entre les acteurs dits "professionnels" de la culture scientifique et les universités paraît indispensable, au moment où les universités sont amenées à repenser leur rapport au territoire. Un rapprochement entre la CPU et l'AMCSTI par exemple, pourrait contribuer à créer cette nouvelle dynamique, déjà à l'œuvre dans plusieurs PRES (Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Lyon, Grenoble).

Domaines de mutualisation potentiels. Enfin, pour avancer concrètement sur le terrain, vers des actions plus collaboratives, j'ai relevé 5 domaines de mutualisation potentiels évoqués tout au long de la journée par différents acteurs, tant dans la salle qu'à la tribune. Le premier est le plus traditionnel, il concerne la coproduction d'exposition, d'outils pédagogiques itinérants. Le second recouvre la thématique numérique. Portails web d'information, de ressources (webTV d'Universcience par exemple), développement de réseaux sociaux thématiques (knowtex), débats science-société en ligne (science-et-democratie), blogs de chercheurs (c@fé-sciences), wiki pour pédagogues (wikidébrouillard), serious games (clim'way par Cap Sciences), mais aussi création de Fab Lab (projets à Grenoble, St Etienne), développement d'applications pour smartphones (Culture Clic) et d'expérimentation "grandeur réelle" avec le public (Living Lab), les potentialités en matière de collaboration sur la thématique numérique sont multiples et variées. Troisième axe, celui de l'animation socioculturelle, de la médiation humaine. Valeur centrale revendiquée par tous les acteurs culturels scientifiques et par les publics, la médiation humaine peut faire l'objet de pratiques de mutualisation : en termes de formation continue bien évidemment, mais aussi en matière de développement de nouvelles pratiques. Quatrième axe, la dynamique "arts et sciences", plusieurs fois évoquée dans la journée, constitue par nature un lieu de collaborations, d'échanges et de mutualisation. Enfin, cinquième et dernier axe potentiel de mutualisation entre les acteurs, la conservation et la transmission de la mémoire de notre champ professionnel, favorisant ainsi la réflexivité des acteurs, et une meilleure maîtrise des pratiques et discours.

A suivre ! Ne manque plus d'une feuille de route pour parvenir à concrétiser tous ces ambitieux objectifs. Des groupes de travail devraient se mettre en place dans toutes régions ; le comité de pilotage qui a préparé ce forum pourrait être élargi... Dans tous les cas, la balle est maintenant dans le camp d'Universcience. C'est au pilote de proposer une méthode de travail et de définir un calendrier.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

50 millions c'est bien, mais la répartition sera t-elle équitable entre la CST parisienne et la CST régionale ? j'en doute...

Y a t-il eu des discussions sur les domaines scientifiques que la CST devrait (pourrait) mettre en avant dans les années à venir (je pense en particulier au développement durable)?